Une autre preuve de la vitalité de la démocratie ouest-africaine : l'élection de John Dramani Mahama au Ghana  

L’élection présidentielle ghanéenne de 2024 peut et doit être considérée comme une étape marquante de l’histoire démocratique ouest-africaine. En effet, dans  un contexte régional trop souvent troublé par des coups d’État (Burkina-Faso, Guinée, Mali, Niger) et des crises politiques (Togo),  le Ghana continue de briller par la transparence de ses scrutins et la solidité de ses institutions. Cette année, John Dramani Mahama, figure politique bien connue de la population ainsi qu’ancien vice-président et président, a effectué un retour remarqué à la tête du pays après une victoire face au vice-président sortant Mahamudu Bawumia. Cette victoire de Mahama,  loin de seulement témoigner de la résilience démocratique du Ghana  met aussi en lumière la maturité politique d’un peuple attaché à l’alternance pacifique.  

Le Ghana, un  pilier démocratique de la région ouest-africaine 

Depuis plusieurs décennies, le pays de JJ-Rawlings se démarque par sa stabilité et sa résilience face aux bouleversements et changements politiques. Il s’est à nouveau illustré par la bonne tenue de l’élection présidentielle de décembre 2024 ayant abouti à la victoire non contestée de John Dramani Mahama. La population ghanéenne a massivement répondu à l’appel des urnes démontrant ainsi sa confiance au système démocratique et aux institutions du pays notamment la commission électorale reconnue pour son impartialité. Avec un taux de participation d’un peu plus de 60%, cette élection est la dernière de l’année 2024 et la cinquième ayant permis cette année à l'opposition d’arriver au pouvoir. 

John Dramani Mahama, ancien président du pays de 2012 à 2016, revient au pouvoir dans un contexte difficile. Battu en 2016 et en 2020, Mahama a su reconquérir la confiance des Ghanéens en s’appuyant sur un discours rassembleur et des promesses de réformes économiques. Le pays sous Nana Akufo-Addo ayant été marqué par plusieurs scandales de corruption et la baisse du taux du Cédi. Sa victoire, obtenue avec 56,5% des suffrages exprimés, face à Mahamudu Bawumia, vice-président sortant et candidat du Nouveau Parti patriotique (NPP), est ainsi un signe fort de la volonté des citoyens de tourner la page des difficultés économiques.  

Contrairement à plusieurs pays de la sous-région, la campagne électorale ghanéenne bien que très compétitive n’a pas enregistré d’incidents majeures. Les deux candidats s’étant bornés à rallier à leurs causes des milliers de sympathisants. John Dramani Mahama orientant ses prises de paroles sur la nécessité de bâtir un « Ghana qui prenne en compte le bien-être de tous ses citoyens et qui leur offre à chacun la possibilité de vivre une vie digne, une vie d’opportunités illimitées » quand en revanche Mahamudu Bawumia défendait la transformation numérique et les réformes économiques engagées sous l’administration de son mentor. 

La population ghanéenne n’a cependant pas été convaincue par les propos de ce dernier et à décidé par les urnes de porter à la tête du pays John Dramani Mahama qui avait d’ailleurs fait comprendre lors d’un meeting que les promesses du gouvernement en place tardaient à se réaliser que son expérience et sa vision apporteront le « changement nécessaire » à la population ghanéenne. 

John Dramani Mahama : un leader face à de grands défis  

Le retour de John Dramani Mahama au pouvoir s’accompagne d’attentes élevées de la part des Ghanéens. Son mandat précédent avait été marqué par des investissements importants dans les infrastructures, mais également par des critiques liées à la dette publique et à des coupures d’électricité fréquentes. Cette fois-ci, Mahama devra répondre à des attentes encore plus grandes telles que la redynamisation de l’économie, la lutte contre la corruption, la sécurisation des partenariats internationaux etc. Des réformes économiques telles que la réduction de la dépendance aux importations, la stimulation de la production locale et l’attrait de nouveaux investisseurs seront cruciales dans les mois à venir pour stabiliser le pays dont la dette publique atteint près de 80 % du Produit Intérieur Brut. 

Sur la scène internationale et régionale, le Ghana, sous la direction de Mahama, ancien président de la CEDEAO, est attendu comme un acteur clé pour promouvoir la démocratie en Afrique de l’Ouest et contribuer à lutter contre la désintégration de l’institution régionale. Dans son rôle historique de médiateur, le Ghana devra désormais avec la sortie effective des pays de l’AES de la CEDEAO, contribuer à ce qu'au-delà des tensions politiques, les intérêts des peuples de la sous-région soient préservés.

Le Ghana : exemple à suivre pour les pays ouest-africains  

Le 08 décembre 2024, avant la sortie des résultats officiels,  Mahamudu Bawumia, dans un geste rare, a reconnu sa défaite. Il a d’ailleurs félicité John Mahama et lui a souhaité un mandat couronné de succès. 

L’attitude de Mahamudu Bawumia et de Nana Akufo-Addo suite à l’élection de John Dramani Mahama vient confirmer que la démocratie ouest-africaine peut non seulement survivre mais aussi prospérer, même dans des contextes économiques et politiques difficiles. En garantissant un scrutin transparent et en acceptant les résultats dans un esprit de respect mutuel, le Ghana  se positionne comme un exemple sur le continent. Le Ghana, une fois encore, rappelle que la démocratie reste un chemin exigeant mais profondément gratifiant pour les nations africaines.


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