Plaidoyer : Pour une justice climatique et énergetique en Afrique

Mesdames et Messieurs,

Je suis honoré de me tenir devant vous aujourd'hui pour discuter d'un enjeu crucial : la justice climatique et énergétique dans le cadre des villes durables. En tant que responsable du développement de Politico en France et fondateur des Hyperconscients, je suis profondément engagé dans ces questions qui sont essentielles pour l'Afrique et le monde entier.

La justice climatique et énergétique est une question de dignité humaine et de développement équitable. Elle est au cœur des défis que nous devons relever pour assurer un avenir durable à notre planète. En Afrique, ces enjeux sont d'une urgence et d'une importance particulière.

L'Afrique, bien que responsable de seulement 3% des émissions mondiales de CO2, est l'un des continents les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Les événements climatiques extrêmes deviennent de plus en plus fréquents et intenses, frappant durement nos populations.

Environ 600 millions de personnes en Afrique subsaharienne n'ont toujours pas accès à l'électricité. Cette situation freine le développement économique, l'éducation et les services de santé, exacerbant ainsi les inégalités.

Les nations africaines, les moins responsables du réchauffement climatique, en subissent les conséquences les plus graves. L'Indice de vulnérabilité climatique de 2023 classe plusieurs pays africains parmi les plus vulnérables, soulignant l'urgence d'une réponse globale et équitable.

Pour renforcer les infrastructures vertes, nous devons investir massivement dans les énergies renouvelables. L'Afrique possède un potentiel immense pour générer plus de 310 GW d'énergie solaire d'ici 2030. En exploitant ce potentiel, nous pourrions transformer radicalement le paysage énergétique du continent, réduisant notre dépendance aux combustibles fossiles et ouvrant la voie à un avenir plus propre et durable. Cette transition nécessite des investissements conséquents, non seulement dans les panneaux solaires et les parcs éoliens, mais aussi dans les infrastructures de stockage et de distribution pour assurer une fourniture d'énergie stable et continue.

Il est également crucial de développer des réseaux électriques intelligents pour maximiser l'efficacité et la fiabilité de notre distribution énergétique. L'initiative Power Africa a déjà réussi à connecter 25 millions de foyers à des sources d'énergie durable, démontrant l'impact significatif de telles initiatives. Les réseaux intelligents permettent de surveiller et de gérer la consommation d'énergie en temps réel, réduisant ainsi les pertes et optimisant l'utilisation des ressources. Ils sont essentiels pour intégrer des sources d'énergie renouvelable variables comme le solaire et l'éolien, garantissant que l'énergie produite est utilisée de manière optimale et que les besoins en énergie sont satisfaits de manière fiable.

Pour garantir un accès équitable à l'énergie, il est important de promouvoir des projets d'énergie décentralisée pour atteindre les zones rurales et les communautés isolées. En 2022, les systèmes solaires domestiques ont fourni de l'électricité à plus de 50 millions de personnes en Afrique subsaharienne. Cette approche doit être étendue pour atteindre encore plus de foyers et réduire la dépendance aux générateurs diesel polluants. Les projets décentralisés, tels que les micro-réseaux et les systèmes solaires hors réseau, offrent des solutions flexibles et évolutives pour fournir de l'électricité aux communautés qui en ont le plus besoin. Ils permettent une adoption plus rapide et plus facile de l'énergie renouvelable, améliorant ainsi la qualité de vie et les opportunités économiques pour des millions de personnes.

Nous devons également mettre en place des mécanismes de financement innovants pour soutenir ces initiatives. Bien que le Fonds vert pour le climat ait alloué plus de 2,7 milliards de dollars à des projets en Afrique, nous devons intensifier nos efforts pour répondre à la demande croissante. Les subventions, les crédits verts et les mécanismes de financement innovants, tels que les obligations vertes et les fonds d'investissement à impact, sont cruciaux pour attirer les investissements nécessaires. Il est essentiel de faciliter l'accès au financement pour les projets d'énergie propre, en particulier pour les petites et moyennes entreprises et les initiatives locales, afin de catalyser une transition énergétique inclusive et durable.

La collaboration internationale et le financement climatique jouent également un rôle clé. Les pays développés doivent respecter leurs engagements financiers pour soutenir les initiatives climatiques en Afrique. À la COP26, les nations ont réitéré leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour le climat. Cet engagement doit être tenu pour soutenir les efforts africains dans l'adaptation et la mitigation des effets du changement climatique. Le respect de ces engagements financiers est crucial pour garantir que les pays africains disposent des ressources nécessaires pour développer des infrastructures résilientes et durables, et pour renforcer leur capacité à faire face aux impacts climatiques.

Il est également important d'encourager les partenariats entre les secteurs public et privé. Le programme Scaling Solar de la Banque mondiale a permis de développer plusieurs projets solaires en Afrique, attirant des investissements privés significatifs. Ces partenariats sont essentiels pour mobiliser les ressources, l'expertise et l'innovation nécessaires pour réaliser des projets énergétiques ambitieux. Les gouvernements doivent créer des environnements réglementaires favorables et offrir des incitations pour encourager les investissements privés dans les énergies renouvelables et les infrastructures vertes. La collaboration entre les secteurs public et privé peut accélérer le déploiement des technologies propres et créer des emplois durables.

Enfin, nous devons investir dans l'éducation et la sensibilisation pour assurer une transition énergétique réussie. Mettons en place des programmes de formation pour développer les compétences nécessaires. L'Université panafricaine pour les sciences de l'eau et de l'énergie (PAUWES) forme chaque année des centaines de professionnels qui jouent un rôle clé dans le développement des technologies vertes. Il est crucial d'étendre ces programmes pour inclure davantage d'institutions et de disciplines, afin de créer une main-d'œuvre qualifiée capable de concevoir, d'installer et de maintenir les systèmes d'énergie renouvelable. La formation continue et le renforcement des capacités locales sont essentiels pour assurer la pérennité des projets énergétiques et pour stimuler l'innovation locale.

Engageons également les communautés locales dans la transition énergétique. Les projets participatifs, tels que ceux soutenus par l'Initiative de la Grande Muraille Verte, montrent que l'engagement communautaire est essentiel pour un succès à long terme. La sensibilisation et l'éducation des communautés sur les avantages des énergies renouvelables et les pratiques durables sont cruciales pour leur adoption et leur maintien. En impliquant les communautés dans la planification et la mise en œuvre des projets énergétiques, nous pouvons garantir que les solutions développées répondent réellement à leurs besoins et aspirations, et qu'elles bénéficient à tous de manière équitable.

En conclusion, pour atteindre une véritable justice climatique et énergétique, nous devons travailler ensemble à tous les niveaux – local, national et international – pour développer des solutions inclusives, durables et équitables. L'Afrique, avec ses vastes ressources et son potentiel d'innovation, peut et doit être au cœur de cette transition globale vers un avenir plus juste et durable.

Mesdames et Messieurs, il est temps d'agir, de collaborer et d'innover. Je vous remercie de votre attention et me réjouis des discussions enrichissantes que nous aurons aujourd'hui.

Préparé à l’occasion de la conférence-débat “L’Afrique en 2030 : quelles perspectives pour le développement durable ?” - Organisé par L’I.F.R.I (Institut Français des relations internationales")

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