Plaidoyer: Justice climatique et énergetique en Afrique: Une affaire de tous
Bonjour à toutes et à tous,
Je m'appelle Cyril-Calvin, responsable du développement de Politico en France et fondateur des Hyperconscients, un think tank et média dédié à la promotion de l'Afrique 2.0. Aujourd'hui, je suis honoré d'être parmi vous pour discuter d'un sujet crucial : la ville durable africaine de demain.
L'urbanisation rapide de l'Afrique pose des défis immenses mais offre également des opportunités extraordinaires. D'ici 2050, plus de la moitié de la population africaine vivra en milieu urbain. Face à cette réalité, nous avons l'impératif et l'opportunité de repenser nos villes pour qu'elles soient non seulement résilientes et inclusives, mais aussi écologiquement et économiquement viables. Nous ne pouvons plus nous contenter de demi-mesures. La ville durable ne se limite pas à des constructions écologiques ou à une gestion efficace des ressources. Elle doit être envisagée comme un écosystème où l'innovation et la technologie jouent un rôle central.
En Afrique, nous avons une opportunité unique. Nous pouvons réinventer nos espaces urbains en tirant parti de la technologie pour répondre à nos défis spécifiques tout en respectant nos cultures et nos environnements locaux. Permettez-moi de vous partager quelques réflexions sur ce que je considère comme des conditions indispensables pour atteindre le stade de la ville durable.
Pour commencer, il est essentiel d'accélérer le déploiement des infrastructures numériques dans les villes africaines. Ce processus est crucial pour optimiser l'efficacité énergétique et réduire les émissions de carbone. Prenons l'exemple du Kenya, où le projet "Smart Grid" à Nairobi utilise des capteurs et des logiciels pour optimiser la distribution de l'électricité, réduisant ainsi les pertes énergétiques. Cependant, des obstacles subsistent, tels que le financement, le manque de compétences techniques et des cadres réglementaires inadéquats. Pour surmonter ces défis, il est impératif de développer des partenariats public-privé, d'investir dans la formation des compétences locales et de mettre en place des politiques favorables à l'innovation.
Ensuite, soutenir et intégrer les innovations locales dans nos stratégies de développement urbain durable est une priorité. Les innovations locales sont déjà là, elles n'ont pas attendu qu'une intelligentsia à Paris se réunisse pour commencer à voir le jour. Par exemple, en Ouganda, la startup "SolarNow" fournit des systèmes solaires domestiques abordables, réduisant la dépendance aux générateurs diesel polluants. Ce dont ces innovations ont besoin, c'est d'être exposées et de s'inscrire dans un canevas plus global et encourageant. Pour cela, il est crucial de créer des incubateurs technologiques, d'offrir des subventions et des crédits verts, et de faciliter l'accès aux marchés pour les innovations locales afin qu'elles puissent évoluer et avoir un impact plus large.
De plus, la technologie peut jouer un rôle clé dans la promotion de l'inclusion sociale tout en étant écologiquement viable. Au Rwanda, par exemple, le projet "Gira ICT" utilise des télécentres solaires pour fournir un accès Internet aux communautés rurales, réduisant ainsi la fracture numérique tout en utilisant une énergie propre. Pour étendre ces modèles à plus grande échelle, il faut développer des solutions technologiques abordables, renforcer les infrastructures de télécommunications écologiques et former les populations locales à l'utilisation des technologies. Des partenariats avec des ONG et des entreprises technologiques peuvent également jouer un rôle crucial dans cette démarche.
Par ailleurs, la gestion intelligente des ressources est vitale pour réduire les émissions urbaines. Un exemple prometteur est le projet "Cape Town Water Map" en Afrique du Sud, qui utilise des capteurs et des données en temps réel pour surveiller et optimiser la consommation d'eau, réduisant ainsi les besoins énergétiques pour le pompage et le traitement de l'eau. Pour généraliser ces projets, il est important de favoriser l'adoption des technologies par les services publics, de promouvoir les investissements dans les infrastructures intelligentes, et de partager les bonnes pratiques à travers des réseaux de villes et des forums internationaux.
Enfin, renforcer la collaboration internationale et le partage de connaissances est essentiel pour accélérer la transition vers des villes écologiquement viables. La collaboration internationale peut apporter des solutions innovantes et adaptées. Par exemple, le partenariat entre Lagos, au Nigeria, et Copenhague, au Danemark, a conduit au développement de systèmes de transport public écologiques, comme les bus électriques, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre. Pour renforcer ces partenariats, il est nécessaire de faciliter les échanges de connaissances à travers des conférences et des ateliers, de promouvoir des programmes d'échange pour les innovateurs, et d'encourager les investissements directs étrangers dans les projets technologiques verts locaux.
En conclusion, la ville durable africaine de demain est à notre portée. Si nous savons tirer parti de l'innovation et de la technologie, si nous savons encourager et soutenir nos innovateurs locaux, nous pouvons construire des villes non seulement durables, mais aussi résilientes et inclusives.
Mesdames et Messieurs, il est temps d'agir, de collaborer et d'innover pour créer un avenir urbain qui soit à la hauteur de nos aspirations. J'ai hâte d'entendre les perspectives de nos panélistes sur ces questions cruciales et de réfléchir ensemble à la meilleure voie à suivre.
Je vous remercie de votre attention.
Préparé à l’occasion de la conférence “L’Afrique en 2030 : quelles perspectives pour le développement durable ?” - Organisé par L’I.F.R.I (Institut Français des relations internationales")