Le système démocratique est il gage de développement pour un pays : Le cas du Rwanda depuis 1994
Le système démocratique est il gage de développement pour un pays : Le cas du Rwanda depuis 1994
Il y a une semaine, les résultats définitifs de l’élection présidentielle rwandais donnaient le président sortant, Paul Kagame vainqueur avec 99,18% des suffrages exprimés. Il entame ainsi son quatrième mandat à la tête du pays des milles collines. Rappelons qu’il a occupé de 1994 à 2000 le poste de vice-président et ministre de la défense avant d’accéder à la magistrature suprême le 24 mars 2000. Cette victoire du président rwandais a remis sur la table la question du système démocratique et de l’alternance au pouvoir. Le président Kagame étant connu pour avoir impulsé le changement du pays après la période du génocide et avoir fait de lui un hub en Afrique de l’Est en quelques années, les critiques envers son régime sont contrastées.
Du génocide à la stabilité, les grands axes de travaux du président Kagame de 1994 à nos jours
Pour assurer au pays des milles collines la fluorescence qu’on lui connaît aujourd’hui, le président Kagame s’est attelé à développer plusieurs domaines clés. Il a juste après le génocide promu un système de réconciliation nationale et a mis en place un système justice communautaire « gacaca » afin que les auteurs d’exactions soient jugés. Il était en effet question pour le « Napoléon africain » de créer un climat de confiance dans le pays afin de déployer son plan d’action.
L’éducation et l’investissement étranger ont été ensuite les axes de travail du gouvernement en place. Ayant compris la nécessité d’avoir une population et surtout une jeunesse éduquée, il a entrepris de réformer le système éducatif. D’ailleurs en 2003, l’anglais a été élevé au rang de langue officielle et en 2008 elle est devenue la seule langue d’enseignement à tous les niveaux. Cette réforme vise notamment à assurer aux étudiants rwandais une ouverture sur le monde mais également l’ouverture du pays à un large panel d’investisseurs. Le Rwanda a enregistré ainsi sous la présidence de Kagamé une croissance économique soutenue, grâce à la promotion de l'investissement étranger, du secteur privé et de l'entrepreneuriat local. Selon une étude de la Banque mondiale, entre 2000 et 2018, le pays aurait enregistré un taux de croissance annuel de 7,5%. La pauvreté et les inégalités ayant fortement baissé, le pays se laissait à la première place de l’évaluation 2018 des politiques et institutions publiques en Afrique de la Banque mondiale.
Le domaine de la santé a également été un des axes prioritaires du gouvernement Kagamé. La réorganisation du système de santé dès les années 2000 a amélioré plusieurs indicateurs de santé de façon inégalée en Afrique et le plaçant en exemple pour les autres pays d’Afrique subsaharienne (Hugo Devlieger). Par exemple, le Rwanda est l’un des rares pays à avoir atteint les objectifs de développement du millénaire pour le développement concernant la mortalités des enfants de moins de cinq ans (réduction de ⅔ entre 1990 et 2025). De plus, dans chaque petite unité administrative, une structure médicale est présente, ce qui rend l’accès aux soins de santé plus facile et à moindre coût grâce à la Mutuelle Communautaire à laquelle près de 80% de la population à adhéré.
Le domaine infrastructurel n’est pas resté en reste. Le Rwanda accueille aujourd’hui les plus belles infrastructures de l’Afrique de l’Est et est très développé pour un pays ayant connu une crise. Il est d’ailleurs le lieu privilégié en Afrique de l’Est pour les grandes conférences et rencontres internationales avec des grands complexes hôteliers tels que le Mariott. Ces améliorations proéminentes ne se sont pas faites sans le respect des objectifs de développement durable. La capitale Kigali se présente aujourd’hui comme une ville durable et le Rwanda comme le pays le plus vert d’Afrique. Plusieurs autres axes de travail tels que les TIC, l’agriculture, la diplomatie etc.ont également contribué à transformer le Rwanda en l'une des économies les plus dynamiques et stables d'Afrique.
Un bref regard sur les pays dits « démocratiques »
Si le président rwandais est taxé de « dictateur » et son régime d’ « autoritaire », il faut néanmoins reconnaître les avancées de son pays énoncées plus haut. Par contre, dans les autres pays du continent dit « démocratique » par les observateurs occidentaux, le développement reste une denrée rare. Il reste embryonnaire alors que la majorité d’entre eux ont acquis leur indépendance en 1960. Il apparaît alors que le système démocratique n’est peut-être pas le plus adapté au contexte africain ou du moins qu’il doit faire l’objet d’aménagement selon le pays. Si ce système semble porter des fruits dans des pays tels que l’Afrique du Sud ce n’est le cas dans d’autres tels que le Niger ou le Mali où les militaires ont décidé de prendre le pouvoir alarmés par les conditions précaires des populations.
Le cas du Rwanda : une expérience mitigée
Démocratie ou développement ? Choisir l’un ou l’autre serait un jeu dangereux. Dans le cas du Rwanda, si le gouvernement a su impulser un développement qui ne souffre d’aucune équivoque aujourd’hui, il demeure plusieurs inquiétudes quant aux respects des droits de l’homme. En effet, le pays est dirigé avec une main de fer par le président ne laissant aucune place à la contradiction. Les élections présidentielles passées ont d’ailleurs montré la faiblesse de l’opposition rwandaise qui a rapporté moins d’1% des suffrages exprimés. Les opposantes d’envergure dénoncent une confiscation du pouvoir par le locataire d’Urugwiro Village. Pour Diane Rwigara et Victoire Ingabire, ces élections ont été une véritable façade et les deux opposants en lice n’étaient présents que pour assurer un « semblant » de démocratie. Selon plusieurs organisations telles qu’Human Rights, le régime serait coupable de plusieurs exactions visant à faire faire d’autres opposants vivants à l’étranger. De plus, l’implication soupçonnée de Kigali dans la crise au Kivu ne fait que jeter l’opprobre sur le régime déjà fragilisée par les nombreuses accusations de violations de droits humains.
Si la démocratie semble être un régime voué à l’échec en Afrique c’est sûrement en raison de son inadéquation avec le contexte socio-culturel du continent. C’est sans nul doute le moment pour les africains de créer un cadre de réflexion pouvant aboutir à la création d’un régime de gouvernance non pas importé de l’occident mais aux faits de chaque peuple car après tout si démocratie il y a elle doit être l’expression du peuple et la gouvernance du peuple par le peuple.