Le nouveau code électoral gabonais : un présage de la candidature d’Oligui Nguema à la présidentielle
Le 14 janvier 2025, l’Assemblée nationale gabonaise a adopté un nouveau code électoral. Alors que la nation se prépare à une élection présidentielle potentiellement avancée, ces nouvelles mesures semblent dessiner un avenir où le général Brice Oligui Nguema, président de la Transition, pourrait faire une entrée officielle dans la course à la présidence. Les Hyperconscients proposent une analyse détaillée des implications de cette réforme pour l’avenir démocratique du Gabon.
Un nouveau code électoral qui redéfinit les règles du jeu
Si certains saluent cette réforme comme une avancée vers une plus grande inclusion démocratique, d’autres y voient une manœuvre subtile visant à renforcer le contrôle militaire sur la politique nationale. Le nouveau code électoral pourrait en effet préparer le terrain pour la candidature du général Brice Oligui Nguema, arrivé au pouvoir en août 2023 après le renversement du régime Bongo. Bien que le président de la Transition n’ait pas encore confirmé son intention de se présenter, plusieurs éléments laissent présager une stratégie soigneusement orchestrée pour préparer le terrain à sa candidature. La modification du code électoral, le remaniement ministériel récent, ainsi que l’avancement de la date des élections présidentielles semblent converger vers une même finalité : maximiser les chances de victoire de Nguema.
Une constitution sur mesure ?
L’adoption de ce nouveau code électoral s’inscrit dans une série de réformes législatives visant à renforcer le pouvoir exécutif, s’orientant clairement vers un régime présidentiel. En octobre 2024, un projet de constitution, ratifié par référendum, a introduit des mesures controversées, dont un mandat présidentiel de sept ans renouvelable une seule fois. Bien que cette disposition puisse apparaître comme un frein à la longévité d’un président en fonction, elle reflète une tendance inverse à celle observée dans d’autres pays africains, où le quinquennat est privilégié pour favoriser l’alternance démocratique.
L’adoption de cette constitution a également inclus une clause excluant de facto les membres de la famille du président sortant de tout processus électoral. Bien qu’elle soit présentée comme une garantie contre la dynastie politique, cette mesure semble taillée sur mesure pour neutraliser toute forme de concurrence au sein de l’ancien clan Bongo. Ce dispositif donne à la transition actuelle une légitimité renforcée tout en éliminant les forces politiques susceptibles de perturber le parcours du général Oligui Nguema.
L’avancement des élections : une manœuvre politique calculée
Le changement de calendrier, avec l’avancement des élections présidentielles initialement prévues pour août 2025, alimente les spéculations sur une stratégie politique finement calculée. Cette modification pourrait offrir au président de la Transition un avantage stratégique, en réduisant le temps imparti à une opposition déjà désorganisée pour se structurer et mobiliser ses partisans.
Le général Oligui Nguema jouit d’une popularité notable depuis son accession à la tête de l’État. Sous sa direction, le Gabon a enregistré des progrès notables : construction de nouvelles infrastructures, réduction de la dette nationale, renationalisation de la compagnie pétrolière, et création de Fly Air Gabon. Ces succès sont régulièrement mis en avant pour renforcer l’image de l'homme fort du pays et nourrir les attentes d’une candidature présidentielle imminente.
Un tournant politique majeur pour le Gabon
Le nouveau code électoral marque une transformation radicale du paysage politique gabonais, mais il est également le reflet d’un affaiblissement considérable de l’opposition. De nombreuses figures historiques, autrefois farouches critiques du régime Bongo, ont rejoint les rangs du gouvernement de Nguema. Alexandre Barro Chambrier, un ancien leader de l’opposition, et Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre, sont désormais des soutiens actifs du général Nguema. Même des personnalités comme l’économiste Mays Mouissi et l’activiste Laurence Ndong, qui se sont longtemps opposées au régime Bongo, ont choisi de rallier le camp du général, contribuant ainsi à réduire encore davantage la diversité des voix dissidentes au Gabon.
En revanche, quelques figures emblématiques de l’opposition, comme Billy Bi Nze et Albert Ondo Ossa, continuent de représenter une alternative, bien que leur influence demeure marginale face à une machine politique consolidée autour du général Nguema. Par ailleurs, des personnalités comme Mays Mouissi, désormais ministre de l'Environnement, ont rencontré des critiques, y compris de la part de la Banque mondiale, remettant en question la gestion économique de la Transition. Ces critiques soulignent la difficulté pour le gouvernement de convaincre sur son projet de réformes, malgré les efforts affichés pour moderniser le pays.
Vers une centralisation du pouvoir ou une démocratisation réelle ?
À ce stade, le Gabon semble se trouver à un carrefour décisif. Le nouveau code électoral, ainsi que les alliances politiques qui se dessinent, ouvrent la voie à une prolongation de l’hégémonie du général Oligui Nguema. Mais la question demeure : cette évolution politique marquera-t-elle un véritable tournant démocratique ou, au contraire, renforcera-t-elle la centralisation du pouvoir autour d’une figure militaire ? L’équilibre du pouvoir au Gabon est désormais entre les mains de son président de la Transition, et l’avenir politique du pays dépendra largement de la manière dont il saura répondre aux aspirations de démocratisation tout en consolidant sa position stratégique sur la scène internationale.