Le tandem Diomaye-Sonko au sommet de l’État sénégalais : les grandes lignes de leur mandat six mois après l’élection présidentielle

Le tandem Diomaye-Sonko au sommet de l’État sénégalais : les grandes lignes de leur mandat six mois après l’élection présidentielle


Six mois après l’élection présidentielle sénégalaise, le tandem Diomaye-Sonko, qui avait créé l’euphorie, est désormais à la tête de l’État et semble apporter un souffle nouveau à la politique du pays. Leur mandat, marqué par des réformes audacieuses et une volonté affichée de transformation, commence à dessiner les contours de leur vision pour le Sénégal.  

Plusieurs grandes lignes abordées lors de leur campagne présidentielle ont commencé à être mises en œuvre. L’une de ces lignes phares, applaudie par une grande partie de la population, est la lutte contre la corruption et pour la transparence des comptes publics.


Lutte contre la corruption et pour la transparence des comptes publics


Des mesures drastiques ont été adoptées pour accroître la transparence dans la gestion des finances publiques et pour lutter contre les pratiques de corruption à tous les niveaux de l'administration. La création d'une agence indépendante dédiée à la lutte contre la corruption et la mise en place d'une plateforme de dénonciation anonyme montrent la détermination du gouvernement à s'attaquer à ce fléau. Le président a d’ailleurs annoncé, lors de son discours à l’occasion de la 64ème année d’indépendance du pays, qu'il voulait lancer un audit du secteur minier, pétrolier et gazier, un domaine d’activité à la fois lucratif pour les États, mais où les fraudes peuvent être pléthores. Le 17 avril dernier, il a également ordonné la publication des rapports des cinq dernières années de la Cour des comptes, de l’Inspection générale de l’État et de l’Office national de la lutte contre la fraude et le terrorisme (OFNAC). Une mesure qui a permis de révéler les fraudes fiscales de plusieurs hauts dignitaires ou proches de l’ancien régime. Outre ces mesures, le duo a également travaillé à mettre en place une économie renforcée, diversifiée, mais également des mesures sociales pour les populations rurales.


Une économie renforcée et diversifiée ainsi que des mesures sociales


L'une des priorités du duo Diomaye-Sonko est de redresser l'économie sénégalaise en la rendant plus résiliente et diversifiée. Pour ce faire, ils ont lancé plusieurs réformes économiques visant à soutenir les petites et moyennes entreprises (PME), considérées comme le moteur de la croissance locale. Des incitations fiscales et des facilités d'accès au crédit ont été mises en place pour encourager l'entrepreneuriat et stimuler l'innovation. En parallèle, le gouvernement a intensifié ses efforts pour attirer les investissements étrangers, en renforçant les partenariats publics-privés et en modernisant les infrastructures essentielles. Les secteurs de l’éducation et de la santé n’ont également pas été mis en marge. En matière d'éducation, des efforts considérables sont déployés pour améliorer la qualité de l'enseignement et pour réduire les inégalités d'accès, notamment en milieu rural. Du côté de la santé, des réformes sont en cours pour renforcer le système de santé publique, améliorer les infrastructures hospitalières et assurer une meilleure couverture médicale pour tous les citoyens. En ce qui concerne la vie chère, le gouvernement a annoncé en juin dernier la baisse des prix des denrées alimentaires telles que l’huile, le sucre, le pain ou encore le riz, qui sont des aliments de base de la cuisine sénégalaise. Restés attachés aux valeurs de Teranga qui caractérisent leur pays, l’un des axes majeurs des premiers six mois du tandem a été la politique étrangère du pays, notamment avec les pays de l’Alliance des États du Sahel.


Des rapports de fraternité entre le Sénégal et les pays de l’AES


Bassirou Diomaye Faye a adopté une nouvelle politique étrangère qui privilégie les relations entre États africains afin de montrer que l’Afrique constitue, à son tour, un espace d’intérêt stratégique pour les nouvelles autorités sénégalaises. Ses premières visites ont d’ailleurs été réservées à des pays frontaliers tels que la Gambie et la Mauritanie. En ce qui concerne les pays de l’AES, les rapports ne sont pas conflictuels. Le Sénégal n’a pas souhaité condamner les militaires au pouvoir, mais utilise une diplomatie plus culturelle, privilégiant les liens d’historicité et de fraternité qui existent entre eux. Bassirou Diomaye Faye a d’ailleurs été nommé par la CEDEAO, avec le président togolais, pour les États de l’AES. Lors de sa visite au Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko a encore rappelé la nécessité pour les États de l’AES de suivre un idéal commun, à savoir celui de procurer à leurs différentes populations le bien-être le plus absolu. Si toutes ces initiatives semblent honorables, le bilan semble être en demi-teinte en raison de certains événements.


Un bilan en demi-teinte après six mois à la magistrature suprême ?


Au Sénégal, plusieurs acteurs de la société civile et acteurs des médias dénoncent une hypertrophie des médias par le pouvoir en place qui, selon eux, porte atteinte à la liberté de la presse à travers ses différentes mesures économiques. Le 13 août dernier, les médias ont d’ailleurs organisé une journée sans presse. Les patrons des médias ont appelé à protester contre les difficultés dans leur secteur, qui traverse "une des phases les plus sombres de son histoire". Par ailleurs, plusieurs reprochent également à l’État sénégalais de ne pas faire preuve d’égalité dans ses nominations aux postes de responsabilité. Seules quatre femmes sur les vingt-cinq ministres ont été nommées. Pour beaucoup, ce gouvernement est entravé par les mêmes freins que ceux qu’il dénonçait auparavant. La rupture tant annoncée par le tandem Diomaye-Sonko apparaît donc entachée sur ce point. Enfin, il reste important de préciser que les arcanes du pouvoir sont difficiles à cerner et qu’il faudrait laisser le temps au gouvernement en place pour qu’il s’adapte et prenne les mesures adéquates, en gardant à l’esprit qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite.


Alors que le tandem Diomaye-Sonko entame sa première année au pouvoir, le Sénégal se trouve à un tournant. Les réformes ambitieuses mises en place jusqu'à présent montrent une volonté de moderniser et de transformer le pays, mais les défis restent nombreux. Les attentes de la population sont élevées, et les prochains mois seront décisifs pour évaluer la capacité du gouvernement à surmonter les obstacles et à concrétiser ses promesses. La gestion des critiques croissantes et des tensions sociales, ainsi que la réussite des réformes économiques et sociales, seront des indicateurs clés de la réussite de ce mandat. En ce sens, la manière dont le duo Diomaye-Sonko abordera ces défis déterminera non seulement leur héritage politique, mais aussi le futur du Sénégal en tant que modèle de développement et de gouvernance en Afrique de l’Ouest.


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