Démocratie et élections en Afrique de l’Ouest
Selon l’agenda étatique de plusieurs pays, après l’élection hautement saluée du président Bassirou Diomaye Faye, d’autres élections présidentielles sont à venir en Afrique de l’Ouest.
Le 07 Décembre 2024, les ghanéens seront en effet appelés à donner leurs voix à John Dramani Mahama (ex-président du pays de 2012 à 2017) ou à Mahamudu Bawumia (actuel vice-président) pour briguer la magistrature suprême.
En 2025, ce sera au tour des togolais et des ivoiriens d’élire leurs futurs présidents tandis que les béninois devront se rendre aux urnes quant à eux en 2026.
Ces différents scrutins à venir posent la question du processus démocratique en Afrique en particulier dans la région ouest-africaine.
Rappelons le, la démocratie terme grec, désigne un système de gouvernance dans lequel le pouvoir appartient au peuple. Pour reprendre les mots d’Abraham Lincoln, elle se définirait comme « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ».
Concept pourtant étranger à l’Afrique, il commence à avoir le vent en poupe en 1990 avec un élément clé, le discours de François Mitterrand à la Baule le 20 Juin de cette année et pour cause: la subordination de l’aide occidentale à l’instauration du multipartisme dans les États africains «La France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ».
Aujourd’hui, plus de trente ans passées, il convient de s’interroger sur l’efficacité de ce processus dans les États africains de l’ouest francophone où le bilan semble être mitigé.
Si au Sénégal, le système démocratique semble encore une fois avoir triomphé après moult rebondissements, la situation reste alarmante dans d’autres pays de la sous-région notamment au Togo où les députés ont voté à l’unanimité le passage à un régime parlementaire.
Si même dans cette configuration, on peut admettre avec une certaine mesure que le peuple exprime son choix. Il reste que dans le contexte africain, même si les députés sont élus par le peuple, ils expriment rarement le choix de celui-ci. Et pour preuve, les cris d’alarme de la population togolaise dans les rues mais également sur les réseaux sociaux.
Système démocratique oui mais les élections qui visent à instaurer ce système revêtent-elles vraiment les critères de transparence, d’intégrité, d’égalité devant les institutions ?
Dans l’histoire politique de la démocratie africaine, il est rare de voir une élection qu’elle soit législative ou présidentielle ne pas être contestée pour fraude. Parmi les cas les plus emblématiques, nous avons les élections législatives mauritaniennes de 2018, les élections présidentielles maliennes de 2018, les élections présidentielles et législatives guinéennes de 2010, 2013 et 2015, les élections présidentielles ivoiriennes de 2010.
Malgré les experts internationaux dépêchés sur le terrain à coup de grandes campagnes médiatiques et de dépenses faramineuses, le constat reste le même. L’Afrique peine à organiser des élections démocratiques dans le vrai sens du terme.
La corruption des administrateurs des centres de vote mais aussi de la population, le désir de rester au pouvoir indéfiniment, l’analphabétisme des citoyens, la pauvreté mais aussi le découragement des acteurs de la vie politique sont autant de facteurs qui favorisent cette situation.
Au demeurant, si la situation semble être au point mort, elle permet d’ouvrir le débat et de se demander si la démocratie est le système adéquat pour le contexte africain.
En effet, un système de gouvernance ne saurait être appliqué à une population sans tenir compte de son histoire mais également de ses aspirations.
Les africains aspirent-ils à la démocratie ou un quelconque système de gouvernance capable de leur garantir leurs différents droits ?
Démocratie ou pas, il semble que la population africaine en particulier sa jeunesse aspire à un modèle fondé sur l’inclusion, l’unité, la compréhension mutuelle et le patriotisme pour un développement social, économique et culturel du continent.
Contributrice:
Olivia Anagonou