Elections américaines 2024: Quels enjeux pour l’Afrique ?
À moins de deux semaines des élections américaines : Quels enjeux pour l’Afrique ?
Alors que les États-Unis se préparent à choisir leur prochain président le 5 novembre 2024, le monde entier, et en particulier l’Afrique, scrute cette élection qui oppose Kamala Harris, actuelle vice-présidente démocrate, à Donald Trump, ancien président républicain. L'importance de ce scrutin s'explique par le poids politique et économique des États-Unis, première puissance mondiale, qui reste l’un des partenaires stratégiques de nombreux pays africains. Face à une Chine de plus en plus influente, l’issue de cette élection pourrait redéfinir les relations américano-africaines, que ce soit en matière de commerce, de démocratie, ou d’immigration.
Une politique étrangère en demi-teinte
Sous l’administration Biden, Kamala Harris avait entrepris une tournée africaine en 2023, multipliant les annonces d’investissement dans des secteurs clés tels que les infrastructures numériques et les énergies propres. Bien que prometteuses, ces initiatives demeurent modestes face aux investissements massifs de la Chine sur le continent. L’Afrique, riche en ressources et à la population jeune, est un terrain de compétition pour les grandes puissances, et Harris semble déterminée à y promouvoir un partenariat « équitable », comme elle l’a affirmé à Accra. Cependant, certains observateurs doutent de la sincérité de cet engagement, qu’ils perçoivent comme un outil de contrepoids à la présence chinoise.
La question économique : entre opportunités et pragmatisme
L’un des principaux enjeux pour l’Afrique réside dans la continuité des programmes économiques existants. Si Trump est réélu, il est probable qu’il renforce l'approche transactionnelle de sa politique étrangère. Sous sa présidence, la stratégie « Prosper Africa Initiative » visait à favoriser les investissements américains en ciblant avant tout le secteur privé. Cette logique, qui se focalise sur les intérêts stratégiques des États-Unis, pourrait avantager certains pays africains, mais risquerait de marginaliser ceux qui n’offrent pas de ressources stratégiques.
En revanche, une présidence Harris pourrait maintenir, voire renforcer, des accords multilatéraux tels que l'African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui permet aux produits africains de pénétrer le marché américain sans droit de douane. Bien que cet accord soutienne les économies locales, son impact reste limité. Harris, qui met en avant la jeunesse et la démocratie africaine, devra toutefois démontrer une réelle volonté de transformer les promesses en résultats concrets pour l'Afrique.
Droits de l'homme et gouvernance : des priorités en débat
Les relations américano-africaines ne se limitent pas à l’économie. Les droits de l'homme et la gouvernance ont historiquement joué un rôle dans la politique américaine en Afrique. Sous l'administration Obama, le programme Young African Leaders Initiative (YALI) a été lancé pour soutenir l’émergence de jeunes leaders africains. Toutefois, l’administration Trump a mis de côté ces initiatives, préférant une approche pragmatique qui a parfois inclus des alliances avec des régimes autoritaires si cela servait les intérêts stratégiques américains.
Dans ce contexte, une victoire de Trump pourrait signifier une politique de soutien ciblée, en fonction des avantages économiques ou géopolitiques, sans condition de bonne gouvernance. En revanche, Harris pourrait renforcer les initiatives en faveur de la démocratie et des droits humains, mais sans pour autant garantir une transformation des relations de pouvoir historiques entre l’Afrique et les États-Unis.
Immigration : entre fermeté et inclusion
L’immigration est une question sensible dans la campagne américaine, et les perspectives des candidats divergent nettement. Trump, qui s’est fait connaître pour sa politique migratoire restrictive, pourrait continuer de renforcer les contrôles aux frontières et limiter les flux migratoires, une approche qui toucherait de nombreux Africains aspirant à une vie meilleure aux États-Unis. En contraste, Harris, elle-même issue d’une double culture, propose une politique plus inclusive, favorable à l’intégration des immigrants et potentiellement bénéfique pour les liens avec les pays d'origine des migrants africains.
Quel avenir pour l’Afrique ?
En somme, l’élection américaine de 2024 sera cruciale pour l’avenir des relations entre les États-Unis et l’Afrique. Si l’Afrique est en quête de partenariats plus égalitaires et de soutien pour ses jeunes générations, le continent ne peut se contenter de rester à la périphérie des priorités de Washington. Dans ce contexte, l’Afrique doit viser l'autonomie de ses décisions économiques et politiques pour ne pas dépendre exclusivement des orientations stratégiques américaines. Cette élection est une nouvelle page pour l'Afrique et les États-Unis, mais c’est au continent africain d’écrire la sienne.